Prenez un support et créez. Créez sans fin, tuez, puis recommencez. C’est un peu la tragédie des artistes : quand savoir qu’une oeuvre est finie, achevée, complète, absolue et aboutie ?
Est-ce que la Vénus de Milo serait l’oeuvre si elle n’était pas estropiée ?
Est-ce que la création – la naissance, la vie – doit porter en elle la destruction, la mort ?
L’artiste new-yorkais Daniel Forero a imaginé un projet avec ce petit cheval en bois, qu’il peint, repeint et repeint sans cesse, tuant l’oeuvre précédente, laissant l’espoir à une oeuvre prochaine.
L’intention de ce projet en cours est d’apprendre à se laisser aller, d’expérimenter, d’apprendre dans le processus, et de changer de direction au milieu d’une idée sans crainte de l’ échec. Aucun pas en arrière, pas de gomme, pas Ctrl + Z.
Je veux juste documenter l’évolution d’une conception qui est en constante transformation.
En utilisant seulement un cheval de bois comme toile, un dessin est créé, photographié puis remplacé par un nouveau design sur le dessus de celui-ci. La conception existe pour une quantité limitée de temps, puis est à jamais effacée : aucun des chevaux représentés existent plus.
Dans ce projet, le processus est plus important que le résultat final parce qu’il n’y a pas de résultat final.
Par exemple, ce zèbre bi-face représente typiquement l’esprit de l’artiste, confondu par deux forces qui l’animent pendant la création : le côté gauche exprime la patience, la planification, avec l’insécurité et la peur de l’échec ; le côté droit, exprime l’impatience, l’impulsivité, l’émotion, l’audace.
Recouvert ainsi de quantités de couches différentes, il cache, dénude, rhabille et explore le support sans fin.
Une approche intrigante :